En bref
- Chikungunya : infection virale transmise par la piqûre de moustiques Aedes (surtout moustique tigre).
- Tableau typique : fièvre brutale + douleurs articulaires intenses, parfois éruption cutanée.
- En France : moustique tigre implanté sur une grande partie du territoire → épisodes autochtones possibles en période d’activité.
- Prévention : répulsifs homologués, vêtements couvrants, moustiquaires + suppression des eaux stagnantes.
- Conduite à tenir : consulter si fièvre + arthralgies après exposition, éviter les piqûres pour ne pas transmettre aux moustiques locaux.
Le virus chikungunya (CHIKV) illustre la montée des maladies vectorielles en zone tempérée. En France, l’implantation durable du moustique tigre associée à la mobilité internationale crée un contexte favorable à des foyers urbains chaque saison. Cet article fait le point sur le virus, la maladie et les réflexes de protection à adopter — chez soi, sur soi et à l’échelle de la collectivité.
Le virus & le vecteur
Le chikungunya est un alphavirus (famille des Togaviridae). Son nom, d’origine makondée, signifie « qui se recourbe », en référence aux postures adoptées par les malades lors des arthralgies aiguës. En métropole, le vecteur principal est Aedes albopictus, le moustique tigre : urbain, diurne, opportuniste, exploitant de petits volumes d’eau (coupelles, jouets, gouttières, bâches, récupérateurs).
La biologie d’Aedes lui permet de prospérer au plus près de l’humain : œufs résistants à la dessiccation, développement rapide en eau peu profonde, piqûres surtout le matin et en fin d’après-midi, et réservoirs préférentiels au sein des habitats denses. Ces caractéristiques expliquent l’efficacité des gestes domestiques pour casser le cycle.
Transmission & facteurs de risque
La transmission se produit lorsqu’un moustique pique une personne pendant sa phase de virémie (quelques jours autour du début des symptômes). Après un court délai, le moustique devient infectant et peut transmettre le virus à une autre personne lors d’une nouvelle piqûre.
- Amorçage : retour de voyageur infecté dans une zone colonisée par le moustique tigre.
- Amplification : densité de gîtes larvaires + forte activité vectorielle (chaleur, orages).
- Exposition : vie extérieure, habitat végétalisé, proximité de récipients d’eau à ciel ouvert.
Symptômes : reconnaître la maladie
Après une incubation de 2 à 7 jours (jusqu’à 12), le début est souvent brutal :
- Fièvre élevée avec frissons
- Douleurs articulaires intenses (poignets, chevilles, genoux, petites articulations des mains/pieds)
- Céphalées, myalgies, grande fatigue, parfois conjonctivite
- Éruption morbilliforme dans un tiers des cas
Des formes atypiques existent (personnes âgées, immunodéprimées, nourrissons). Le diagnostic est clinique, confirmé par biologie (PCR en phase précoce, sérologie ensuite). Éviter aspirine/anti-inflammatoires sans avis médical, surtout si la dengue n’est pas écartée.
Évolution & douleurs persistantes
La plupart des patients récupèrent en quelques jours. Néanmoins, le chikungunya est réputé pour ses arthralgies résiduelles, parfois récurrentes, qui peuvent altérer la qualité de vie plusieurs semaines ou mois. Les facteurs associés : âge avancé, antécédents rhumatologiques, charge virale initiale élevée.
Les formes sévères restent rares mais possibles : déshydratation, complications neurologiques, atteintes néonatales (transmission périnatale), décompensation de comorbidités. Une surveillance rapprochée s’impose chez les populations à risque.
Situation en France
Le moustique tigre est désormais installé dans une **grande majorité de départements**, avec une activité qui s’étend du **printemps à l’automne**. Chaque année, des cas importés sont détectés et, certaines saisons, des **transmissions locales** surviennent dans des communes urbaines où le moustique est très présent. Les autorités sanitaires renforcent alors la surveillance, l’information du public et les traitements ciblés.
Concrètement, les épisodes s’accompagnent souvent de messages **FR-Alert**, d’**enquêtes épidémiologiques et entomologiques**, et d’**opérations de démoustication** sur des périmètres et horaires prédéfinis (interventions encadrées et annoncées). Le levier décisif reste toutefois la **mobilisation des habitants** pour supprimer les eaux stagnantes à la source.
Prévention : sur soi & à la maison
Sur soi (immédiat)
- Appliquer un répulsif homologué (DEET, icaridine/picaridine, IR3535 ou PMD).
- Porter des vêtements longs et clairs, protéger poignets/chevilles.
- Utiliser moustiquaires (fenêtres/lits) et ventilateurs la nuit.
Chez soi (impact maximal)
- Éliminer l’eau stagnante chaque semaine (soucoupes, seaux, jouets, gouttières).
- Couvrir récupérateurs/citernes par une moustiquaire ≤ 1 mm bien tendue + trop-plein.
- Tester l’écoulement des regards/rigoles après pluie (seau d’eau).
- Changer l’eau des abreuvoirs et vasques décoratives 1×/semaine.
Check-list eaux stagnantes Choisir un répulsif Voir les signalements
Rôle des autorités & interventions
Lors d’un foyer, plusieurs actions sont déclenchées :
- Information/FR-Alert des habitants des zones ciblées (consignes et gestes clés).
- Traçage des cas suspects/probables/confirmés, investigations autour des domiciles et lieux fréquentés.
- Démoustication ciblée (adulticides/larvicides autorisés) sur créneaux et périmètres définis.
- Mobilisation des professionnels de santé pour détecter, déclarer et orienter (PCR/sero selon délai).
Que faire si je suis malade ?
- Consulter rapidement en précisant votre exposition (zone avec moustique tigre / cas signalés ou retour de voyage).
- S’hydrater, se reposer, paracétamol si besoin (éviter AINS sans avis médical).
- Éviter de se faire piquer (répulsif, moustiquaire, vêtements couvrants) pour ne pas infecter des moustiques locaux.
- Reconsulter d’urgence en cas de : douleurs invalidantes persistantes, essoufflement, saignements, vomissements répétés, déshydratation, confusion, ou chez nourrisson/femme enceinte/personne âgée.
FAQ
Le chikungunya est-il mortel ?
En population générale, la mortalité est faible. Le principal fardeau est la **douleur articulaire intense** pouvant durer des semaines ou des mois. Les formes sévères existent chez les personnes fragiles (âge avancé, grossesse, nouveau-né, comorbidités).
Combien de temps dure la maladie ?
La phase **aiguë** (fièvre, douleurs) dure 3 à 7 jours en moyenne. Les **arthralgies** peuvent persister **plusieurs semaines à mois** (formes post-aiguës).
Puis-je attraper le chikungunya en France ?
Oui, lorsque le **moustique tigre (Aedes albopictus)** pique une personne virémique, il peut transmettre le virus localement. Des *cas autochtones* surviennent désormais certains étés dans le sud et ponctuellement ailleurs.
Y a-t-il un traitement ou un vaccin ?
Pas d’antiviral spécifique. La prise en charge est **symptomatique** (paracétamol, hydratation, repos). La **vaccination** progresse au niveau international mais n’est pas encore déployée en routine en métropole.
Quels répulsifs utiliser ?
Utiliser un **répulsif homologué** (DEET, icaridine/picaridine, IR3535, PMD) en respectant les notices (âge, grossesse, durée, nombre d’applications).