En bref
- De nombreux animaux mangent des moustiques : araignées, libellules, chauves-souris, hirondelles, martinets, grenouilles, poissons…
- Cependant, peu d’espèces se nourrissent principalement de moustiques : ils sont souvent un complément au menu.
- La régulation la plus efficace se joue au stade larvaire : supprimer l’eau stagnante reste l’action n°1.
- Favoriser la biodiversité locale (haies, nichoirs, zones fleuries, bassins bien gérés) aide les prédateurs naturels… sans solutions toxiques.
À la belle saison, tout le monde se pose la même question : qui mange les moustiques ? L’idée est séduisante : si la nature s’en charge, on souffre moins des piqûres. La réalité est plus nuancée. De nombreux prédateurs consomment des moustiques, mais peu en dépendent vraiment. Comprendre qui mange quoi – et quand – permet d’agir intelligemment autour de la maison.
Les grands prédateurs des moustiques (stade adulte)
Araignées & toiles discrètes
Les araignées sont des alliées méconnues : leurs toiles interceptent une multitude de petits diptères, moustiques compris. Dans un jardin ou sur un balcon, laisser quelques toiles (rebords de fenêtres, abris) réduit le nombre d’adultes qui entrent au crépuscule. Si les piqûres d’araignée vous inquiètent : en intérieur, les vraies morsures sont rares — la plupart des « boutons » nocturnes restent des piqûres de moustiques.
Libellules & demoiselles
Ces « hélicoptères » du jardin sont d’excellents chasseurs en plein vol. Les adultes (odonates) capturent moucherons et moustiques au-dessus des plans d’eau ou des pelouses. Bonus : leurs larves aquatiques sont de redoutables prédateurs (voir plus bas).
Chauves-souris (mais pas que des moustiques)
Beaucoup de chauves-souris consomment des insectes nocturnes : moustiques inclus, mais aussi papillons de nuit, tipules, coléoptères… Selon l’espèce et la période, la part de moustiques reste variable et souvent minoritaire. Installer un gîte peut aider la biodiversité locale, mais ne remplace pas l’entretien anti-gîtes larvaires.
Oiseaux insectivores (hirondelles, martinets)
En journée, hirondelles et martinets avalent quantité de petits insectes aériens. Leur menu est opportuniste : en vol, ils gobent ce qui passe en essaim, moustiques compris. Préserver des sites de nidification et éviter les pesticides sont deux excellentes actions pro-biodiversité.
Grenouilles, lézards & prédateurs d’affût
Près de l’eau ou des haies, grenouilles et lézards capturent des moustiques posés sur la végétation. Ils n’en font pas un plat unique, mais leur présence participe à la pression globale sur les adultes.
Autres alliés : mantes, guêpes parasitoïdes, fourmis…
Le « contrôle » repose sur une multitude de petites interactions : mantes religieuses en chasse, fourmis opportunistes, guêpes parasitoïdes… Individuellement modeste, l’effet cumulé devient notable dans les jardins diversifiés.
Mythes tenaces : ce que les chauves-souris (et d’autres) mangent vraiment
- « Une chauve-souris mange des milliers de moustiques par nuit » : l’image est séduisante, mais exagérée. Dans l’ensemble, elles mangent surtout ce qui est le plus abondant et énergétique du moment (papillons nocturnes, coléoptères). Les moustiques figurent au menu… sans l’accaparer.
- « Installer un nichoir suffit à régler le problème » : utile pour la nature, oui. Comme solution anti-moustiques unique, non. La clé reste la suppression de l’eau stagnante + protection personnelle.
- « Les lampes UV attirent et tuent les moustiques » : elles ciblent mal les moustiques (plutôt guidés par CO₂/odeurs). On tue surtout d’autres insectes parfois utiles.
Qui mange les larves de moustiques ? (là où tout se joue)
Les moustiques passent l’essentiel de leur vie dans l’eau : œufs, larves, nymphes. C’est ici que la nature – et vous – pouvez faire la plus grande différence.
Poissons insectivores
Dans les bassins correctement gérés (non connectés au milieu naturel pour éviter les invasions), des poissons insectivores consomment volontiers des larves. Attention : introduire une espèce dans la nature est interdit et dangereux pour les écosystèmes. Limitez-vous aux bassins ornementaux privés et demandez conseil aux professionnels.
Larves de libellules (odonates)
Redoutables : les larves aquatiques de libellules chassent d’autres invertébrés, larves de moustiques comprises. Aménager un bassin avec eau brassée, quelques plantes et sans poissons voraces favorise ces alliés.
Coléoptères aquatiques, notonectes & co.
Dans une mare vivante, coléoptères (Dytiscidae), punaises d’eau (Notonecta), larves de Chaoborus… composent une chaîne alimentaire où les larves de moustiques servent de casse-croûte régulier.
Oiseaux & amphibiens
En picorant au bord de l’eau ou sur la surface, certains oiseaux et têtards/amphibiens consomment des larves. Leur impact dépend beaucoup de la configuration du plan d’eau (surface, oxygénation, végétation).
Comment favoriser la régulation naturelle (sans toxiques)
1) Jardin accueillant pour insectes utiles
- Haies variées, fleurs locales riches en nectar.
- Laisser quelques coins « sauvages » : tiges creuses, feuilles mortes (abris).
- Pas d’anti-insectes génériques : on tue les alliés autant que les « nuisibles ».
2) Bassin bien géré
- Préférer un léger brassage (fontaine), enlever les feuilles.
- Si poissons : uniquement en bassin fermé, jamais en milieu naturel.
- Plantes aquatiques = cachettes pour odonates prédateurs.
3) Nichoirs & abris
- Nichoirs à hirondelles/martinets selon les règles locales.
- Gîte pour chauves-souris bien positionné (hauteur, orientation).
- Laisser quelques toiles d’araignée aux abris et sous avancées.
Choisir un répulsif efficace Piqûre : que faire Supprimer l’eau stagnante
Moustiques & écosystèmes : trouver l’équilibre
Dans la nature, les moustiques font partie de la base alimentaire : ils nourrissent poissons, oiseaux, libellules… L’objectif n’est pas l’éradication, mais la réduction des gîtes près de l’humain et la protection individuelle au moment où ça pique. Les solutions « choc » (pulvérisations généralisées, pièges lumineux non sélectifs) dérèglent souvent l’écosystème, tuent les prédicateurs utiles… et l’on se retrouve avec plus de moustiques quelques semaines plus tard. Miser sur la prévention et la biodiversité est plus durable – et souvent plus efficace.
FAQ
Les chauves-souris mangent-elles surtout des moustiques ?
Elles en mangent, mais pas uniquement. Leur régime dépend des espèces et des saisons, et inclut beaucoup d’insectes plus gros et plus nutritifs que les moustiques.
Mettre des poissons dans une mare publique pour « manger les larves », c’est une bonne idée ?
Non. L’introduction d’espèces en milieu naturel est risquée et souvent interdite. Réservez les poissons aux bassins fermés et travaillez l’oxygénation/brassage.
Les toiles d’araignée réduisent-elles les moustiques à la maison ?
Oui, modestement mais réellement. En conserver quelques-unes sous abri peut aider, sans remplacer les moustiquaires et la suppression des eaux stagnantes.
Un insecticide de jardin règle-t-il le problème ?
Souvent non : il élimine aussi les prédateurs naturels. Préférez une approche préventive et ciblée.
Les punaises de lit mangent-elles des moustiques ?
Non. Les punaises de lit se nourrissent de sang et piquent la nuit. Rien à voir avec la prédation d’insectes.